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Thème |
Marée
noire |
Titre |
Catastrophes
maritimes: d'urgence mettre un terme aux irresponsabilités criminelles! |
Date
du document |
22
/ 11 / 2002 |
Le
naufrage du pétrolier Prestige ne relève ni du hasard,
ni de la fatalité.
Il est la conséquence logique de pratiques habituelles
du transport maritime et de choix publics libéraux, dans
le secteur du transport pétrolier tout particulièrement.
Il y a des responsables dans cette nouvelle catastrophe
écologique, économique et humaine.
Responsables ces armateurs, ces affréteurs, ces chargeurs
et autres intermédiaires du transport maritime qui font
passer l'appât du gain avant la sécurité et l'environnement.
Responsables ces acteurs du monde maritime et pétrolier
qui s'accommodent si facilement des pavillons de complaisance
et autres pavillons bis, et souvent contribuent à leur
développement.
Responsables ces sociétés de classification qui accordent
leur label à tant de navires sous normes et de poubelles
flottantes.
Responsables les armateurs et chargeurs des Etats développés,
car ils sont les principaux propriétaires et utilisateurs
des flottes de complaisance, et parce qu'ils s'acharnent
à maintenir des conditions de concurrence productrices
de risques majeurs.
Mais responsables aussi les décideurs publics, ces élus
politiques qui, à tous les niveaux de décision, tolèrent
et alimentent par leurs choix la situation actuelle.
Responsable l'Union européenne comme pourvoyeuse et utilisatrice
majeure des flottes de complaisance, organisatrice des
pavillons bis, et par sa tolérance vis-à-vis des paradis
fiscaux qui jouent un rôle si grand dans l'irresponsabilité
financière et pénale des acteurs du transport maritime
en cas de sinistre.
Responsable l'Union européenne et ses Etats membres pour
la timidité des mesures prises après le naufrage de l'Erika
et pour le manque de diligence et de volonté dans l'application
de celles qui sont positives.
Responsables aussi, ces élus nationaux qui ont empêché
l'adoption de mesures plus efficaces et qui poursuivent
la déréglementation forcenée du secteur maritime et portuaire.
Responsables encore ces parlementaires qui refusent que
la France ait les moyens d'une véritable politique de
sécurité maritime (et sans doute aussi de prévention des
risques industriels majeurs).
Responsables encore les Etats développés qui tolèrent
que les Etats et pavillons complaisants imposent leur
loi à l'Organisation maritime internationale, un peu comme
si les truands étaient chargés de faire et d'appliquer
les lois.
C'est cette conjonction d'irresponsabilités et de choix
libéraux qui permet le développement de la complaisance,
de l'usage des navires sous norme et une exploitation
des marins qui peut aller jusqu'à des situations proches
de l'esclavage.
Or, une constante commune à la plupart des catastrophes
maritimes, c'est qu'y sont impliqués des navires sous
pavillon de complaisance, souvent sous normes, appartenant
à des armateurs opaques, avec des affréteurs incertains
et des équipages disparates, insuffisants et surexploités.
Et tout cela pour alimenter les profits des pétroliers.
La situation est inacceptable.
Il faut qu'elle change d'urgence.
Les atermoiements et le double langage ne sont plus de
mise, il y a urgence à mettre hors la loi les pavillons
de complaisance et similaires, à édicter et appliquer
des règles sociales strictes concernant les équipages.
Il faut mettre un terme à l'opacité qui règne dans le
transport maritime, opacité qui favorise toutes les dérives.
Il faut engager la responsabilité financière et pénale
de l?ensemble des acteurs du transport maritime.
Sur ce problème, l'Europe et ses Etats membres doivent
commencer par balayer chez eux et devant leur porte.
Les propositions réalistes, efficaces et accessibles pour
changer la situation ne manquent pas.
Le Conseil économique et social a adopté à l'unanimité
des propositions très intéressantes sur le sujet.
La Cgt, pour sa part, a aussi fait et rendu publiques
des propositions complètes sur ces problèmes.
Il reste que les responsables politiques semblent bien
plus se comporter en défenseurs des responsables des sinistres
qu'en porteurs de l'intérêt général.
C?est pourquoi la Cgt invite salariés et populations concernés
à mener une lutte persévérante pour faire aboutir partout
en Europe et dans le monde une vraie politique de sécurité
maritime.
Ce n'est qu'ensemble que nous pouvons imposer dans chacun
de nos pays, d'autres perspectives prenant en compte les
besoins économiques et sociaux de chacun, pour développer
la coopération internationale et travailler à la construction
d'un nouvel ordre mondial. |
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